Secciones
Referencias
Resumen
Servicios
Descargas
HTML
ePub
PDF
Buscar
Fuente


DE QUELQUES TRAITS PRÉHILALIENS DANS LE PARLER DES OULED BOUMALEK / BOUHOUDA (TAOUNATE)
SOBRE ALGUNOS RASGOS PREHILALIANOS EN EL HABLA DEL OULED BOUMALEK / BOUHOUDA (TAOUNATE)
SOME TRAITS OF OULED BOUMALEK’S VARIETY IN PRE-HILALIAN ERA: BOUHOUDA - TAOUNATE
بعض التمظهرات في اللهجة الجبلية ما قبل الهلالية لأولاد بومالك/ بوهودة – تاونات
Al-Andalus Magreb, vol. 26, n° 1, pp. 1-14, 2019
Universidad de Cádiz

Artículos

Al-Andalus Magreb
Universidad de Cádiz, España
ISSN-e: 2660-7697
Périodicité: Anual
vol. 26, n° 1, 2019

Résumé: L’objectif primordial de ce travail est une brève présentation de quelques caractéristiques linguistiques du parler jebli des Ouled Boumalek, un douar bien enclavé situé à 18 Km du centre Bouhouda, province de Taounate. Dans ce papier, les résultats présentés sont le labeur de quelques enquêtes de terrain auprès d’informateurs natifs, qui ne quittent que rarement la zone de leurs ancêtres, et surtout les femmes âgées, gardiennes du patrimoine culturel par excellence. Pour ce faire, nous avons exploité plusieurs techniques de terrain (observation participante, entretien et questionnaire…). Par cette étude, nous avons mis l’accent sur les différents aspects linguistiques d’un parler préhilalien appartenant à la zone des Jbala (particularités phonétiques / phonologiques / morphologiques et lexicales).

Mots clés: Parlers préhilaliens, Linguistique, Jbala / Taounate.

Abstract: «Some traits of Ouled Boumalek’s variety in pre-hilalian era: Bouhouda - Taounate». The main objective of this research is to briefly trace some linguistic features of the jebli variety of Ouled Boumalek, a well-established douar located 18 km far from Bouhouda center in Taounate province. In this paper, the data are the result of a few field surveys with native informants, who rarely leave the area of their ancestors, especially older women as custodians of cultural heritage par excellence. To do this, we exploited several field techniques (engaging listening, interview and questionnaire ...). Through this study, we have focused on the different linguistic aspects of a pre-hilalian speech belonging to the Jbala zone (phonetic / phonological / morphological and lexical peculiarities).

Keywords: Pre-Hilalian Varieties, Linguistics, Jbala, Taounate.

ملخص: «بعض التمظهرات قبل الهلالية في اللهجة الجبلية لأولاد بومالك / بوهودة –تاونات − ». الهدف الأساسي من هذا العمل هو عرض موجز لبعض الصفات اللسانية للهجة الجبلية السائدة بمنطقة أولاد بومالك التي هي عبارة عن دوار معزول يقع على بعد 18 كلم من مركز بوهودة وينتمي لقبيلة امتيوة التابعة ترابيا لعمالة تاونات. النتائج المعروضة في هذه الورقة هي خلاصة لمجموعة من الزيارات الميدانية التي قمنا بها لهذه المنطقة، وقد تم التركيز على السكان الأصليين الذين نادرا ما يغادرون مسقط رأسهم والممثلين أساسا في النساء المعمرات، الأكثر حرصا على الحفاظ على تراثهم الثقافي. ولأجل ذلك، سخرنا مجموعة من الوسائل والتقنيات الميدانية كالملاحظة التشاركية، المقابلة وكذا الاستمارة. من خلال هذه الدراسة، تم التركيز بشكل جوهري على مختلف المميزات اللغوية لهاته اللهجة الجبلية قبل الهلالية بما فيها الجانب الصوتي والمورفولوجي والمعجمي.

الكلمات المفتاحية: اللهجات فبل الهلالية, اللسانيات, جبالة، تاونات.

0. Introduction

Dans cet article, nous tenterons de présenter brièvement les principaux traits linguistiques caractérisant le parler jebli du douar Ouled Boumalek, une région enclavée située à une trentaine de kilomètres de la ville de Taounate vers le Nord-Ouest et qui appartient à la commune rurale Bouhouda, tribu de Mtioua. Les données exploitées dans cette étude sont le résultat de quelques enquêtes de terrain effectuées entre les mois mars et novembre 2018. Les informations nécessaires à cette investigation sont collectées de manière naturelle auprès d’informateurs natifs, qui ne quittent que rarement la zone de leurs ancêtres, et surtout les femmes âgées, gardiennes du patrimoine culturel par excellence.


Figure 1
Carte de situation de la zone d’étude

1. Phonétique/phonologie

1.1. Coup de glotte

Dans le parler jebli des Ouled Boumalek (Dorénavant P.J.O.B.), le coup de glotte [ʔ] est l’un des traits les plus frappants. Il est généralement utilisé pour remplacer l’uvulaire occlusive sourde [q].

mša yəlʔuṭ z-zaytūn mʕa babāh « il a accompagné son père pour cueillir les olives ».

1.2. Spirantisme

Le parler d’étude présente également quelques segments spirants [ṯ] [đ] [Ð] [ḵ]

l-li mḵətbləḵ rəbbi đ l-xayr twəṣla twəṣla « tu arriveras sûrement à tes fins ».

hađa ma ḵān « c’est tout ce qu’il y a… »

l-lā ylaʔiḵ biha biÐa « que Dieu te protège »

mŠāṯ trəggəb ʕla babaha mrīÐ « elle a rendu visite à son père malade »

N.B. Il importe de souligner que les désinences du féminin singulier des verbes à l’accompli se forment par l’adjonction du segment [ṯ].

1.3. Diphtongues

L’usage des diphtongues est très fréquent dans notre parler d’étude qui présente deux types : [ay] / [aw].

ntina w jawdeḵ xudəm aw xlihəm « comme tu le veux. Tu peux les prendre ou les laisser ».

1.4. Quelques traits phonologiques

L’analyse des données recueillies nous a permis de repérer quelques traits phonologiques comme la métathèse, l’aphérèse, l’apocope et la substitution.

1.4.1. Métathèse




1.4.1.2. Aphérèse




Remarque : les phonèmes supprimés sont marqués par le symbole Ø. Il est à noter que, dans le P.J.O.B., les verbes conjugués à l’impératif perdent leurs préfixes dans le cas où ils sont précédés par le morphème de négation "la" (les deux derniers exemples).

1.4.1.3. Apocope




1.4.1.4. Substitution




On trouve également le phénomène de substitution dans de nombreux termes empruntés au français comme :




2. Morphologie

2.1. Genre

Certains noms féminins dans d’autres parlers marocains (Fès, Kénitra…) sont considérés masculins dans notre parler d’étude. À titre d’exemple, nous signalons le cas de noms ržəl « pied » et yədd « main » qui sont traités masculins dans le P.J.O.B.

  1. a) rəžli mṛīṭ « pied à moi malade », « mon pied est malade »

  2. b) yədda fih l-ḥinna « main elle dedans henné », « elle a mis du henné sur sa main ».

2.2. Duel

Dans le parler en question, le duel se forme par la suffixation du morphème -ayən aux substantifs.




2.2.1. Mots renvoyant aux parties du corps




De plus, nous pouvons compter deux objets par le biais du nom de nombre žawž « deux » suivi du mot au pluriel.




Remarque : en duel, la quasi-majorité des mots se construit par le moyen de žawž. Duel = žawž + pluriel du nom.

2.3. Pluriel

Certains substantifs qui se terminent par -i forment leur pluriel par la suffixation de -īn. Ci-après, nous présenterons deux cas de figures, l-ma / l-fūl.

a) Le substantif l-ma « eau » :

l-ma bardīn « l’eau est froide »

l-ma sxixnīn « l’eau est chaude »

l-ma dafyīn « l’eau est tiède »

l-ma ḥamyīn « l’eau est brûlante »

À l’instar de la langue amazighe, les locuteurs des Ouled Boumalek utilisent le substantif l-ma au pluriel(1) au lieu du singulier, ce qui corrobore l’idée du substrat amazighe.

b) Le substantif l-fūl « fèves ». À l’opposé des autres parlers où le substantif l-fūl est utilisé au singulier, le même substantif est utilisé toujours au pluriel dans le P.J.O. B. nous citons quelques exemples :




2.4. Diminutif

Dans notre zone d’étude, nous avons constaté que l’usage des diminutifs par les sujets enquêtés est très fréquent, surtout chez les femmes âgées et les enfants. Les formes diminutives collectées sont assez variées et aucune règle ne régit leur formation. Exemples :

  1. a) lʔi xuḏra f ṭniǰra w ḥərrḵa b l-mġirfa ! « mets légumes dans la marmite et tourne elle avec la cuillère de bois ! », « tu mets les légumes dans la marmite et tu fais tourner le tout avec la cuillère en bois ! ».

  2. b) ha l-mimāṯ sxixnīn ma ndirəm f n-nibira « cette eau chaude vais la mettre dans le réfrigérateur », « je mettrai cette eau chaude dans le réfrigérateur ».

2.5. Pronoms

2.5.1. Pronoms personnels

Dans le parler en question, nous avons relevé des pronoms personnels indépendants et des pronoms susceptibles d’être suffixés à des verbes et à des substantifs.

2.5.1.1. Pronoms personnels isolés




Remarque : excepté la troisième personne du singulier qui marque le masculin et le féminin, les autres pronoms ne distinguent pas le genre.

2.5.1.2. Pronoms personnels suffixés

2.5.1.2.1. Les pronoms suffixés à un verbe




Remarque : nous soulignons la disparition du [h], après une consonne, dans les pronoms suffixés de la troisième personne du singulier et du pluriel.

Exemples :

  1. a) Šuft-Øa b ḥinʔa-đəlʕib mʕa xaha « tout à l’heure, je l’ai vue jouer avec son frère ».

  2. b) wəṣṣiṯ-Ø(2)əm yṛəžʕ-u biḵri « je leur avais demandé de revenir tôt ».

2.5.1.2.2. Les pronoms suffixés à un nom / le possessif

Lorsqu’on suffixe un pronom suffixé à un nom, on exprime le possessif.




Le P.J.O.B. ne distingue pas le genre au niveau de la deuxième personne du singulier et fait disparaître le h à la troisième personne du singulier féminin et du pluriel masculin et féminin pour certains items.

Exemples :

  1. a) ǰat ʕəmt-əm ha đaba « leur tante paternelle vient d’arriver »

  2. b) baba-həm ʔa-ytawmər f l-ʕiṛṣa « leur père travaille péniblement dans le pré »

  3. c) bab-āḵ ʔa-ylaġ-i l-əḵ « ton père t’appelle »

  4. d) yədd-i ʔa-yəḥṛaʔ-ni b Šʔa « ma main me fait mal à cause du pénible travail »

Remarque : dans notre zone d’enquête, nous avons constaté que les informateurs utilisent surtout la suffixation pour les noms de parenté et des parties du corps.

Pour le reste des items, la possession est exprimée par la particule dyal qui suit les mots utilisés et subit les transformations possibles selon la personne. Nous citons quelques exemples :

  1. a) l-ʕiṛṣa dyal-i « mon pré »

  2. b) l-baʔṛa dyal-a « sa vache »

  3. c) l-məḥrāṯ dyal-əm « leur araire »

2.5.2. Les pronoms relatifs

Le parler des Ouled Boumalek se caractérise par l’utilisation de deux pronoms relatifs qui sont : šay et lli. Ces derniers sont invariables avec le genre et le nombre.

2.5.2.1. Le pronom relatif šāy

  1. a) šāy d-dəwwəṛ ʕlih təlʔah f ḥanuṯ « tout ce que tu cherches, tu le trouves dans la boutique »

  2. b) šāy Šṛa m s-suʔ bəzzāf « ce qu’il a acheté du souk est vraiment trop »

  3. c) šāy gaz ʕlina ma gaz ʕla hadd « ce qui nous est arrivé, n’est arrivé à personne »

2.5.2.2. Le pronom relatif lli

  1. a) lli dəṛʔək b xiṭ dəṛʔu b ḥiṭ ! « oublie celui qui t’oublie ! »

  2. b) ha r-raǰil lli saxṣa fiḵ « c’est l’homme qui t’a cherché »

2.5.3. Les pronoms interrogatifs

Dans notre corpus, nous avons relevé quelques pronoms interrogatifs. Généralement, ces pronoms simples ou composés sont placés en tête des phrases interrogatives. Les plus utilisés par nos locuteurs sont surtout :

2.5.3.1. Les pronoms interrogatifs : šni / šənni / š-

  1. a) šni ʔutt ? « qu’as-tu dit ? »

  2. b) šni nti mʕa diḵ ṣ-ṣḥiḥa ? « comment vas-tu ? »

  3. c) š-ma nṣawəb đaba ? « que fais-je maintenant ? »

  4. d) šənni ʕməlt f Šuġl-əḵ ? « qu’as-tu fait dans ton travail ? »

2.5.3.2. Les pronoms interrogatifs : šḵu / šḵun

Marçais(3) précise que l’étymologie de šḵu / šḵūn serait ʔayyu šayʔin yakun : quelque chose.

  1. a) šḵu ntin ? « qui es-tu ? »

  2. b) šḵūn lli ǰa ?« qui c’est qui est venu ? »

  3. c) đi-mən ha tfəl ? « qui sont les parents de ce garçon ? »

  4. d) li-mən ʔa-đlaġ-i ? « tu appelles qui ? »

3. Lexique

Les données collectées auprès des informateurs nous ont permis de mettre en relief la grande richesse lexicale caractérisant le parler des Ouled Boumalek. Ci-après, nous présenterons quelques items appartenant aux différents domaines de la vie rustique de ces habitants.




4. Conclusion

Comme nous l’avons bien signalé au début de ce papier, cette étude ne prétend pas présenter une description exhaustive du parler jebli des Ouled Boumalik, mais surtout de mettre en exergue les quelques traits saillants de ce parler préhilalien (spirants [ṯ] [đ] [Ð] [ḵ] / coup de glotte [ʔ]…).

Il est à signaler que le parler en question présente aussi quelques termes manifestant le substrat amazighe (ex : mots commençant par -ʔa, désinence du masculin en amazighe). Il est bien nécessaire de procéder à des comparaisons bien poussées entre les différents parlers jeblis couvrant la région de Taounate, dans le cadre de cartes linguistiques.

BIBLIOGRAPHIE

BRIGUI, Fouad. 2015. « Parlers arabes hilaliens du Nord-Ouest de Fès : Chraga, Hramssa et Ouled Aissa ». Dans : Actes de la journée d’études Linguistique de terrain : Description de faits et présentation de modèles. Fès, Publications du Laboratoire Langue, Littérature, Communication et Didactique, Imperssion SIPAMA, pp.33-46.

BRIGUI, Fouad & GHILAN Fatima-Zahra. 2018. « De quelques éléments du vocabulaire de la vannerie chez les Bni Yazgha Un parler montagnard préhilalien méridional ». Dans : M. Mezzine, J. Vignet-Zunz & F. Brigui (eds.). Jbala Peuplement, langue et ruralité. Rabat, Lawn, pp.97-104.

CHALFI, Rida. 2016. Étude de la variation langagière et des technolectes dans le parler jebli des Ouled Azam .province de Taounate). Thèse de doctorat, Kénitra, Faculté des lettres de Kénitra.

CHAFIK, Mohammed. 1989. Lamha an talata wa talatin qarnan min tarikhi al amazighiyin (Trad. Aperçu sur trente trois siècles d’histoire des Amazighs). Mohammedia, Alkalam.

IRAQUI-SINACEUR, Zakia. 1994. Dictionnaire Colin d’Arabe Dialectal marocain. Rabat, Editions Almanahil, Ministère des Affaires Culturelles.

IRAQUI-SINACEUR, Zakia. 1998. « Le dialecte de Tanger ». En : J. Aguadé, P. Cressier & Vicente A. Dans : Peuplement et arabisation au Maghreb Occidental. Dialectologie et histoire. Madrid-Zaragoza, Casa de Velazquez, Universidad de Zaragoza, pp.121-130.

LEVI-PROVENÇAL, Evariste. 1922. Textes arabes de L’Ouargha Dialecte des Jbala (Dialecte septentrional). Paris, Ernest Leroux.

MARÇAIS, Philippe. 1977. Esquisse grammaticale de l’arabe marocain, Paris, Maisonneuve.

MESSAOUDI, Leila. 1996. « Note sur l’affriquée [dj] dans le parler des Jbala (Nord du Maroc) ». EDNA 4, pp.167-175.

MESSAOUDI, Leila. 2003. Etudes sociolinguistiques. Rabat, Okad.

NATIVIDAD, Emma. 1998. « Le dialecte de Chefchaouen ». Dans : Aguadé J., Cressier P. & Vicente A. Peuplement et arabisation au Maghreb Occidental. Dialectologie et histoire. Madrid-Zaragoza, Casa de Velázquez, Universidad de Zaragoza, pp.109-120.

VICENTE, Angeles. 1998. « Un dialecte de type montagnard au Maroc : le parler d’Anjra ». Dans : Aguadé J., Cressier P. & Vicente A. Peuplement et arabisation au Maghreb Occidental. Dialectologie et Histoire, Madrid-Zaragoza, Casa de Velázquez, Universidad de Zaragoza, pp.121-130.

VIGNET-ZUNZ, Jacques. 2015. « Le parler des Jbala : lexique ». Dans : Actes du colloque international La situation des langues au Maroc : description linguistique et constitution de lexiques. Fès, Publications du Laboratoire Langue, Littérature, Communication et Didactique, Imperssion SIPAMA, pp.157-249.

ZIAMARI, Karima & BARONTINI Alexandrine. 2008. « Quelques éléments de description d’un parler jebli (Ourtzagh, Maroc) ». EDNA 12, pp. 43-59.

Notes

* E-mail: ridachalfi@hotmail.com.
(1) محمد شفيق’ لمحة عن ثلاثة وثلاثين قرنا من تاريخ الامازيغيين
(2) Dans les exemples, nous avons remplacé le h par Ø pour marquer sa disparition.
(3) 1977 : 200.
(4) Dans la région des Ouled Azam, le mot est prononcé [ʔagməz]

Information additionnelle

BIBLID: [1133-8571] 26 (2019) 05.1-14.



Buscar:
Ir a la Página
IR
Modèle d'édition à but non lucratif pour préserver la nature académique et ouverte de la communication scientifique
Visualiseur d'articles scientifiques générés à partir de XML-JATS4R