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La falanjah, un simple aromatique de la pharmacopée arabo-islamique de nature non identifiée : essai de détermination
Jamal BELLAKHDAR
Jamal BELLAKHDAR
La falanjah, un simple aromatique de la pharmacopée arabo-islamique de nature non identifiée : essai de détermination
Al-Andalus Magreb, núm. 22, pp. 29-64, 2015
Universidad de Cádiz
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Resumen: : Basándonos en las descripciones de la falanǧa que figuran en escritos árabo-islámicos de diferentes épocas y comparándolas con los datos florísticos, etnobotánicos y lingüísticos que hemos recogido a raíz de una importante compilación bibliográfica que abarca un territorio que se extiende desde el Oriente Medio a la China, hemos tratado de aclarar la naturaleza enigmática de este simple aromático cuyas identificaciones propuestas hasta ahora no han convencido.

Este examen comparativo, lo más ceñido posible a los textos antiguos y a los conocimientos actuales sobre las plantas, sus composiciones, fitónimos y empleos, nos ha permitido avanzar propuestas de identificación de la falanǧa, de acuerdo con las diferentes interpretaciones que nos han dado los autores antiguos, una identidad que deriva de modo diferente según el espacio y la época que se considere. Esta diversificación de la falanǧa en diferentes productos se ha producido siguiendo una lógica que ya habíamos señalado en un artículo precedente a propósito del zarnab y que tratamos de hacer comprensible en el presente estudio.

Palabras clave: falanǧa,fūlinǧān,farmacopea árabo-islámica,Ibn Māsawayh,especias aromáticas,perfume,faranǧmušk,Ocimum,Dracocephalum,Lallemantia,Nepeta,Morina,Hedychium,cubeba.

Abstract: “Falanǧah, an arabo-islamic aromatic drug of not identified nature: try of determination”. By basing us on the falanǧah’s descriptions find in arabo-islamic medical writings of various periods and by comparing them with the floristic, ethnobotanic and linguistic data that we managed to collect following an important bibliographical compilation concerning a territory which extends from the Middle East to China, we tried to clarify the enigmatic nature of this simple aromatic for which all the identities which were proposed up to there were considered as not satisfactory.

This comparative study, realized in closer of the ancient texts and the acquired knowledge today on plants, their compositions, their vernacular names and their uses, allowed us to express propositions of elucidation of the identity of the falanǧah, in agreement with the various interpretations given by the ancient authors, an identity which declines differently according to the space and the period considered. This differentiation of the falanǧah in several products was made according to a logic which we had already indicated in a previous article concerning the zarnab and that we try to make understandable in the present study..

Keywords: falanǧah, fulinǧan, arabo-islamic pharmacopoeia, Ibn Māsawayh, aromatic drug, perfume, faranǧmušk, Ocimum, Dracocephalum, Lallemantia, Nepeta, Morina, Hedychium, cubeb.

ملخص: نعتمد في هذه الدراسة على وصف الفلنجة الموجود في بعض النصوص العربية الإسلامية المكتوبة في عصور مختلفة، والمقارنة مع المعلومات الخاصة بعلم النباتات الإقليمية وعلم النباتات التقليدية وعلم اللغة الواردة في مجموعة مهمة من المصادر تشمل منطقة ممتدة من الشرق الأوسط حتى الصين، مما سمح لنا بمحاولة توضيح طبيعة هذه المفردة العطرية التي لم يتم تحديدها بشكل مرض حتى الآن.

وقد تمكنا من خلال هذه الدراسة المقارنة المستندة إلى النصوص القديمة من جهة وإلى المعلومات الحديثة حول النباتات وتركيبها وأسمائها وطرق استخدامها من جهة أخرى من تقديم اقتراحات لتحديد طبيعة الفلنجة وفقا لمختلف تفسيرات المؤلفين القدامى، ومن الملاحظ أن تحديد طبيعة الفلنجة يتغير بتغير المكان والزمان، ويعود التنوع في تحديد طبيعة الفلنجة إلى المنطق الذي سبق لنا وأن أشرنا إليه في مقالة سابقة لنا بخصوص الزرنب، والذي نحاول توضيحه في هذه الدراسة.

الكلمات المفتاحية: فلنجة, فولنجان, الصيدلية العربيّة الإسلاميّة, ابن ماسويه،, أفاويه, عطر, فرنجمشك, الحبق, البادرنجبويه, الشهيباء, القطرم, المورينا, الهيديكيوم, الكبابة.

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Artículos

La falanjah, un simple aromatique de la pharmacopée arabo-islamique de nature non identifiée : essai de détermination

Jamal BELLAKHDAR
History of medicine , Marruecos
Al-Andalus Magreb
Universidad de Cádiz, España
ISSN-e: 2660-7697
Periodicidad: Anual
núm. 22, 2015

Publicación: 30 Enero 2015


LA FALANǦAH, UN SIMPLE AROMATIQUE DE LA PHARMACOPÉE ARABO-ISLAMIQUE DE NATURE NON IDENTIFIÉE: ESSAI DE DÉTERMINATION

Jamal BELLAKHDAR*

La falanǧah (dénommé aussi aflanǧa, fulinǧan et falaniya) est l’un des simples de la pharmacopée arabo-islamique dont l’identité fait toujours l’objet de controverses, d’une part parce que les auteurs anciens ne nous ont pas laissé une description suffisante du végétal qui le produit et sont, de plus, divergents sur sa nature, d’autre part parce que ce simple a disparu aujourd’hui de l’étalage des herboristes – du moins sous son nom historique – dans tout l’espace arabo-musulman élargi à la péninsule indienne. De manière un peu expéditive, des auteurs contemporains ont avancé diverses propositions [Cuscuta sp., Dryopteris filix-mas (L.) Schott, Taxus baccata L., Flacourtia jangomas (Lour.) Raeusch, etc.] à propos de la nature botanique de cette drogue énigmatique des pharmacopées arabo-islamique et indienne, mais celles-ci sont totalement inappropriées, voire même fantaisistes. D’autres se sont contentés de rapporter son existence en avouant leur impuissance à la raccorder à une drogue connue. C’est le cas du grand botaniste allemand E.H.F. Meyer (1854-1857) qui cite la falanǧah dans son “Histoire de la botanique” (vol. III, 80), mais sans pouvoir l’identifier.

Les seuls éléments dont nous disposons pour tenter de mettre un nom sur cette substance aromatique mystérieuse sont donc les indications recueillies dans les sources écrites, toutes dissonantes qu’elles soient, et les données fournies par l’ethnobotanique qui constitue, dans une certaine mesure, une archéologie des usages anciens.

Un travail similaire d’élucidation que nous avons mené récemment sur d’autres simples du passé à l’identité incertaine – notamment l’opocalpason de l’Antiquité grecque (Bellakhdar, 2012) et le zarnab de la pharmacologie arabe médiévale (Bellakhdar, 2013) – nous a permis d’affiner une méthode qui associe entre elles, en un mariage qui s’est avéré fécond, l’étude des textes médicaux anciens, l’ethnobotanique, la linguistique et nos connaissances actuelles en phytochimie et en phytopharmacologie.

Confronté à l’énigme de la falanǧah, alors que nous travaillions sur les parfums et cosmétiques en usage sous les Omeyyades et les Abbassides, c’est cette méthode que nous avons utilisée une nouvelle fois pour tenter d’accoler une identité à notre aromate mystérieux, nous mettant ainsi à l’épreuve d’un nouveau défi, en une recherche qui fut, à tous égards, un voyage passionnant dans l’œcoumène de l’époque, les temps anciens et les mœurs raffinés de l’Orient.

Dans cette petite étude, nous commençons par analyser en détail les descriptions de la drogue figurant dans les sources anciennes, en suivant, d’un espace géographique à un autre et époque après époque, les transformations qu’elle a subies quant à sa nature. Puis nous comparons tous ces éléments de connaissance à ce que nous savons des substances aromatiques naturelles qui circulaient autrefois dans l’Ancien Monde. Cet examen comparatif, entrepris au plus près des textes et des connaissances acquises aujourd’hui sur les plantes, leurs compositions, leurs phytonymes et leurs usages, nous a permis d’avancer des propositions d’élucidation de l’identité changeante du falanǧah, en accord avec les différentes interprétations que nous ont données les auteurs anciens.

la falanǧah dans les textes anciens

• Le premier auteur arabe à nous fournir quelques indices de morphologie, d’usage et d’origine sur cet aromate est Ibn Māsawayh (Abū Zakariyā Yaḥyā Ibn Māsawayh, dit Mésué L’Ancien, 776-855), l’un des derniers représentants de l’École de Jondichâpour. Dans son Kitāb ǧawāhir aṭ-ṭīb al-mufrada (Traité des substances simples aromatiques([1]) – la référence dans ce domaine – il le décrit comme « un fruit d’aspect semblable à la moutarde et dont l’odeur rappelle celle de la pomme ». Il en distingue deux sortes: 1/ une variété rouge, pesante; 2/ une variété légère, d’odeur pareille à la variété rouge. Ibn Māsawayh ajoute: « Il s’emploie dans les liquides aromatiques pour femmes, en cuisson avec la noix de ben ». […] Sa provenance est Sufālah » (Sbath, 1937; Levey, 1961).

• ˁIsà Ibn Ṣahārbuḫt [Abī Naṣr Ibn Abī Zayd Ṣahārbuḫt (ou Ṣuhār Baḫt)] un médecin de Jondichâpour, ayant vécu au IXe siècle, descendant d’une famille de Chrétiens nestoriens syro-persans, dans son Kitāb quwà l-adwiya al-mufrada ˁalà l-ḥurūf, exprime sur la falanǧah un point de vue semblable à celui d’Ibn Māsawayh; ce point de vue nous est rapporté par al-Bīrūnī: « ces petites graines sont comme celles de la moutarde ».

• ˁIsà Ibn Māssa (IXe siècle), cité par al-Bīrūnī, disait de la falanǧah qu’elle était soit un mélange de boutons floraux et de petites graines rouges, soit la racine du naylūfar hindī([2]) et qu’on l’appelait en hindi kunah parnīk.

• ˁAlī at-Ṭabarī (Abū l-Ḥasan ˁAlī Ibn Sahl Rabban at-Ṭabarī, 838-870), l’auteur du Firdaws al-ḥikma, est le premier à faire de la falanǧah une sorte de cubèbe, une attribution d’identité qui – nous allons le voir – va déclencher, par le jeu des synonymies, toute une série d’équivalences.

• Masīḥ (Abū l-Ḥasan ˁIsà Ibn al-Ḥakam al-Dimašqī) (IXe siècle), dans sa Risāla al-hārūniyya, citée par Ibn Wāfid et Ibn al-Bayṭār, nous décrit ses propriétés: « elle est chaude au second degré, résolutive et astringente »([3]).

• Abū Muˁaḏḏ al-Ǧawamkanī Ismaˁnī (IXe ou Xe siècle), l’auteur du Tašrīḥ-i-adwiya, cité par al-Bīrūnī (p. 254, n° 39) affirmait, tout comme ˁIsà Ibn Māssa, que la falanǧah n’est rien d’autre que la racine du naylūfar hindī. al-Bīrūnī ne manque pas de relever, à ce sujet, que cet auteur, formulait le même jugement pour la fāġiya, un avis que partageait aussi, d’après lui, ar-Rāzī. Nous reviendrons plus loin sur ce commentaire.

• Isḥāq Ibn ˁImrān (mort en 903), dans un emprunt que lui fait Ibn al-Bayṭār, nous apporte quelques indications supplémentaires: « la falanǧah fait partie des aromates. Elle est chaude et sèche. Elle dilate les obstructions de la tête et fortifie le cerveau. La graine a la forme d’une graine de moutarde. La plus grande est la meilleure, la plus forte, la plus odorante, la plus chaude et la plus lourde ». « La plus mauvaise est celle qui est légère et noire. La plante est constituée par des rameaux petits et noueux ». Selon Abū l-Ḫayr al-Išbīlī (dans la ˁUmdat aṭ-ṭabīb, n° 1937), Isḥāq Ibn ˁImrān aurait fait de la falanǧah et du zarnab, un seul et même produit, une équivalence qui sera défendue également par d’autres auteurs.

• al-Ḫuškī (Abū l-Ḥasan Muḥammad Ibn ˁAbbās al- Ḫuškī, un érudit persan du IXe et/ou Xe siècle([4]) – auteur du Kitāb al-ˁiṭr (Traité des parfums) et l’un des auteurs que cite souvent al-Bīrūnī –, ne fait que reprendre l’opinion d’Ibn Māsawayh : « L’une de ses variétés est lourde, épaisse et possède une odeur de pomme. Une autre de ses variétés a des feuilles larges et des rameaux minces. L’odeur de cette dernière variété est semblable à celle de la meilleure variété [la première].

• ar-Rāzī (Abū Bakr Muḥammad Ibn Zakariyā, 865-925) dans son traité Kitāb al-ḥāwī fī ṭ-ṭibb (cité par Ibn Wāfid), est un peu dans la continuité de ce qui précède, mais pour lui, comme pour Isḥāq Ibn ˁImrān, la falanǧah et le zarnab ne sont qu’un seul et même aromate.

• Un demi siècle plus tard, Ibn al-Ǧazzār (Abū Ǧaˁfar Aḥmad Ibn Ibrāhīm Ibn Abī Ḫālid, né vers 898, décédé en 980), auteur du Kitāb fī funūn aṭ-ṭīb wa-l-ˁiṭr (Traité des parfums et des essences), mentionnera la falanǧah, mais sans rien apporter de plus que ses prédécesseurs.

• Abū l-Qāsim az-Zahrāwī (décédé en 1013), dans son encyclopédie médicale en plusieurs volumes, Kitāb at-tasrīf (Le livre de la méthode), se contentera de reprendre les développements d’Ibn Māsawayh, mais en adoptant le point de vue qui considère que zarnab et falanǧah ne sont que deux noms différents du même aromate.

• À son tour, Ibn Hayṯam (Abū ˁAlī al-Ḥasan ibn al-Ḥasan) (965-1039) traitera de la falanǧah, mais il la rangera au nombre des cubèbes dans l’article qu’il consacre à ce simple, comme une petite espèce de celui-ci. Selon Abū l-Ḫayr al-Išbīlī (ˁUmdat, n° 1937), Ibn Hayṯam aurait lui aussi admis l’équivalence entre la falanǧah et le zarnab.

• al-Bīrūnī (Abū r-Rayḥān, 973-1048) (p. 253 sous falanǧah & p. 254 sous fīl), dans son Kitāb al-ṣaydana (Le livre de la science des drogues), fonde son opinion sur ce qu’auraient déclaré, au sujet de cet aromate, Yaḥyā [Abū Zakariyā Yaḥyā Ibn Māsawayh] et Ḫuškī [Abū l-Ḥasan Muḥammad Ibn ˁAbbās al- Ḫuškī] : « l’une de ses variétés est lourde, épaisse et possède une odeur de pomme. Une autre de ses variétés a des feuilles larges et des rameaux minces. L’odeur de cette dernière variété est semblable à celle de la meilleure variété [la première]. Son odeur [vraisemblablement une erreur ; son aspect ?] est semblable à la moutarde et elle provient de Sufālah ». al-Bīrūnī s’appuie également sur Suhār Baḫt (Abī Naṣr Ibn Abī Zayd Ṣuhār Baḫt) qui – nous l’avons vu – disait de ces petites graines qu’elles étaient semblables à celles de la moutarde. Enfin, il rapporte l’équivalence établie par ˁIsà Ibn Māssa et Abū Muˁaḏḏ al-Ǧawamkanī Ismaˁnī selon lesquels la falanǧah serait la racine du naylūfar hindī([5]) et qu’elle est connue en hindi sous le nom de kunah parnīk, en réfutant toutefois l’assertion de ˁIsà Ibn Māssa qui fait de la falanǧah un mélange de boutons floraux et de petites graines rouges.

• Ibn Wāfid (ˁAlī Ibn al-Ḥusayn) (997-1074), dans son Kitāb al-adwiya al-mufrada, s’appuie sur Ibn Māsawayh, aṭ-Ṭabarī, Masīḥ, Isḥāq ibn ˁImrān, ar-Rāzī) pour affirmer que la falanǧah est semblable à la graine de moutarde et d’odeur parfumée, qu’elle est chaude et sèche au second degré, qu’elle dégage les obstructions de la tête et tonifie le cerveau, et qu’elle entre dans la composition des huiles aromatiques (adhān ṭayyiba) et des parfums (ṭīb) (Aguirre de Cárcer, 1995, 2001).

• Ibn Buklāriš (Yūnus Ibn Isḥāq) (XI-XIIe siècle), dans le Kitāb al-mustaˁīnī fī ṭ-ṭibb (Le livre de médecine dédié à al-Mustaˁīn), décrit l’aflanǧa comme ressemblant à la graine de moutarde, la plus grande de ses variétés incluant des tiges semblables à celles du thym (Levey, 1971 ; Burnett, 2008).

• al-Idrīsī (Abū ˁAbd Allāh Muḥammad aš-Šarīf) (1100-1165), dont l’œuvre comprend un ouvrage sur les végétaux, Kitāb al-ǧāmiˁ li-ṣifāt aštāt an-nabāt (Livre rassemblant les descriptions fragmentaires des plantes), reprend à son compte l’identité de nature entre falanǧah et zarnab.

• Dans sa ˁUmdat aṭ-ṭabīb, le botaniste sévillan Abū l-Ḫayr al-Išbīlī (XIIe siècle) dit, à propos de la falanǧah (au n° 1937)([6]): « les gens disent que c’est une herbe qui entre dans la préparation de la ġāliya et les apothicaires de l’Irak affirment que c’est des graines qui ressemblent à la moutarde avec de petits rameaux comme ceux du thym (ṣaˁtar), noueuses, rouges penchant vers le noir, de saveur caractérisée par de l’astringence, une qualité qu’elles communiquent aux onguents dans lesquels elles entrent. La meilleure sorte est celle qui est lourde et très rouge, elle fait partie des composants des parfums. Certains pensent que c’est zarnab comme le déclarent Isḥāq Ibn ˁImrān et Ibn Hayṯam ». Plus loin, à l’article des cubèbes (au n° 1184 de la ˁUmdat; Bustamante & al. n° 2512), Abū l-Ḫayr al-Išbīlī fait de la falanǧah la petite variété de cubèbe et dit qu’elle pousse en abondance dans les montagnes de Syrie.

• Ibn al-ˁAwwām (Abū Zakariyā Yaḥyā Ibn Muḥammad Abū Aḥmad, XIIe siècle) (Kitāb al-filāḥa) mentionne incidemment la falanǧah, sans plus de détails car l’ouvrage est consacré essentiellement aux produits issus de cultures.

• Ibn Sarābī (dit Sérapion le Jeune) (fin XIIe siècle), auteur du Kitāb al-adwiya al-mūfradah, reprend à son compte les opinions de Masīḥ et Isḥāq Ibn ˁImrān([7]) : il en fait une graine de la forme de celle de la moutarde, avec deux variétés; la meilleure est la grande, plus odorante, plus lourde, plus chaude ; la moins bonne est légère et noire ; la plante est constituée de rameaux petits et noueux.

• Maïmonide (Abū ˁImrān Mūsà Ibn Maymūn Ibn ˁAbd Allāh al-Qurṭubī, 1138-1204), dans le Šarḥ asmāˀ al-ˁuqqār (n° 137), ne fait que reprendre ce qu’a dit avant lui ar-Rāzī, à savoir que falanǧah c’est zarnab.

• Ibn al-Bayṭār (Ḍiyāˀ ad-Dīn Abū Muḥammad ˁAbd Allāh Ibn Aḥmad, 1188-1244), l’auteur du Ǧāmiˁ al-mufradāt, sous falanǧah (n° 1695), va dans le même sens que les auteurs les plus anciens dont il reprend à son compte les descriptions, notamment Masīḥ et Isḥāq Ibn ˁImrān. Il s’appuie aussi sur le Kitāb al-filāḥa an-nabaṭiyya (Le livre de l’agriculture nabatéenne)([8]) qu’il cite : « [la falanǧah] a la propriété d’être un antidote naturel du scorpion, au point que si un homme piqué par un scorpion prend de cette substance, la triture et en frictionne sa blessure avec de l’huile, il guérit ». Ibn al-Bayṭār en fait aussi une drogue carminative en se réclamant d’un Ancien dont le nom n’est pas donné : « si on la fait entrer dans les huiles qui échauffent l’estomac et dissipent les vents, elle seconde leur action ».

• ˁIzz ad-Dīn Ibn as-Suwaydī (1204-1292), élève d’Ibn al-Bayṭār et auteur du Kitāb as-simāt, en fait une petite espèce de cubèbe([9]), suivant en cela l’avis d’Ibn Hayṯam.

• Dāwūd al-Anṭākī (1543-1599), dans sa Taḏkirat ulī l-albāb wa-l-ǧāmiˁ li-l-ˁaǧab al-ˁuǧāb (p. 286), développe, quant à lui, une opinion spécifique sur la question du falanǧah. Voilà ce que nous dit à son sujet cet auteur tardif du Machreq: « ce n’est ni le cubèbe ni la feuille du muscadier mais une graine qui pousse en Inde. La plante atteint une coudée. Ses feuilles sont comme celles de l’amandier, ses fleurs sont blanches; leur succèdent des capsules (ġalafān) comme celles de la jusquiame contenant à l’intérieur des graines comme celles de la moutarde mais d’un rouge éclatant, d’odeur puissante, de saveur amère, de nature chaude et sèche au second degré. Elle est carminative, calmante de l’estomac, antidote des poisons en boisson et des venins de scorpion en application locale. Les scorpions ne pénètrent pas les lieux où elle se trouve et je pense que sa racine s’emploie aujourd’hui pour cet usage. La racine fait disparaître aussi l’étouffement. Elle est corrigé par l’huile d’amande. Sa posologie est de ½ drachme ».

la falanǧah dans les compositions aromatiques

Les auteurs arabo-persans décrivent plusieurs compositions contenant la falanǧah.

karkarūhan, kīl dār.

Selon Steingass (1892, p. 1024), en Iran, le karkarūhan serait un électuaire tonique composé de cubèbes divisés, de santal, de macis, de noix de galle de chêne, de nard indien (Nardostachys jatamansi DC.), de graines falanǧah et de miel.

Abū l-Ḫayr al-Išbīlī (Bustamante & al. n° 2475) le décrit, quant à lui, sous la forme kurkurūhun, comme un produit aromatique résineux ressemblant à la matière noire qui se forme sur le bois d’agalloche.

Le karkarūhan est cité aussi par al-Bīrūnī (p. 276, n° 1) au nombre des produits aromatiques: il ressemble au nard indien mais en plus rouge et plus duveteux. Ses racines sont noueuses. Il s’appellerait karoh en Inde. D’après ar-Rāzī, il est constitué de pièces étroites et minces, pas plus épaisses que les rameaux de basilic. Il ressemble à la racine de scolopendre (basbayaǧ), en moins noir, et à un vieux navet.

Abū l-Ḫayr al-Išbīlī donne le kurkurūhan comme identique au kīl dār (du néo-persan gildāru, Steingass, 1892, p. 1109). On retrouve ce nom sous la forme gaildarū dans le Kitāb al-ṣaydana d’al-Bīrūnī (Hakim Mohamed Said, p. 285, n° 49; p. 181, n° 12, à l’article saraḫs). Citant Dioscoride et ar-Rāzī, al-Bīrūnī en fait un bois noueux et couvert d’un duvet marron tendant vers le noir. Cette description rappelle celle qu’il donne du karkarūhan. Le gaildarū serait en fait un mot hindi correspondant au persan saraḫs. Selon Steingass (1892), saraḫs (ou sarḫs) serait un bois médicinal, noir à l’extérieur et vert à l’intérieur, que l’on trouve sur les bords de la Mer Caspienne. Pour Abū Muˁāḏḏ, ce serait la racine du tahal, lequel pousserait, à la manière de l’acore, dans les endroits où l’eau stagne. Il aurait, selon lui, l’aspect de mèches tressées et se rencontrerait à Gardīz (Afghanistan).

Dans tous les cas de figure, que le karkarūhan et le kīldār aient été le même produit ou pas, il s’agit d’un bois ou d’une racine aromatique qui semble avoir été remplacé, au fil du temps, par des mélanges de substitution contenant divers simples aromatiques dont la falanǧah.

Formules nettoyantes et parfumées pour les mains et le corps

On trouve dans un livre de recettes (Kitāb aṭ-ṭabīḫ) publié par un auteur de Baghdad ayant vécu au Xe siècle, Ibn Sayyār al-Warrāq, diverses recettes cosmétiques pour l’hygiène des mains, dont certaines préparées spécialement pour le calife ar-Rašīd (Nasrallah, 2007), et contenant, selon le cas : ušnan (diverses Chénopodiacées et Salsolacées), bunk([10]) jaune iraquien, cannelle, cardamome, souchet odorant, schoenanthe, gomme styrax, marjolaine, riz, argile blanche de La Mecque, nard indien, clou de girofle, rose, santal jaune, safran, camphre, bois d’agalloche, noix de muscade, jus de pomme, fruits de Zanthoxylum sp. (fāġira), carthame, oléat de jasmin, oléat de baume de La Mecque, oléat de citron, opercules de Strombus lentiginosus et falanǧah.

Mélanges de parfums dits falonǧ

Francesco Pelsaert, qui séjourna en Inde entre 1618 et 1627, pour le compte d’une compagnie de commerce allemande, rapporte dans un compte-rendu des mœurs et coutumes ayant cours en Inde à cette époque, c’est-à-dire sous le règne du sultan moghol Jahangir, que les femmes des harems utilisaient divers parfums excitants et conserves raffinées, comme les mosseri et les falonǧ, pour créer des ambiances sensuelles et produire une agréable élévation de l’esprit. Ces compositions parfumées contenaient notamment de l’ambre, des perles, de l’or, de l’opium et divers stimulants (Pelsaert, 1925).

Il est vraisemblable que les mélanges appelés falonǧ contenaient également de la falanǧah. Ce genre de recettes “de séduction” était un classique de l’art galant en Inde, notamment à l’époque raffinée des empereurs moghols; le livre du Kama Sutra, notamment son dernier développement intitulé Aupanishadika, en décrit lui-même plusieurs, destinées à provoquer le désir, à installer des ambiances de grande sensualité et à réussir en amour.

Mélange parfumé de la bégum Nour Jehan

La bégum Nour Jahan (1577–1645), qui fut la vingtième épouse du sultan Jahangir, portait un grand intérêt à la science des parfums de son pays d’origine, la Perse. À la mort de son époux en 1627, elle passa le reste de sa vie à vénérer sa mémoire et à fabriquer des parfums, dont beaucoup à base de falanǧah, selon les recettes que sa mère lui avait apprises (Findly, 1993).

*

À travers ces formules, on voit que chez les Arabes, comme chez les Perses, des produits dont nous ne faisons aujourd’hui que des aromates culinaires intervenaient aussi comme parfums corporels et d’ambiance. Ainsi, le clou de girofle, le safran, la cardamone et la cannelle comptaient au nombre des parfums et entraient souvent dans des compositions odorantes. C’est d’ailleurs toujours le cas dans certaines régions du Monde arabo-musulman, au Sahara par exemple, où le clou de girofle est un constituant important des préparations cosmétiques destinées à la chevelure, au visage ou au corps (Bellakhdar, 1978).

la falanǧah et ses usages thérapeutiques

Outre son emploi dans la préparation d’onguents parfumés et de spécialités aromatiques diverses (culinaires et cosmétiques), dans lesquels elle intervenait pour son parfum, son astringence et son pouvoir gélifiant, la falanǧah était également utilisée en médecine.

Masīḥ, nous l’avons vu, la classe, dans sa Risāla al-hārūniyya, au nombre des médicaments chauds au second degré, résolutifs et astringents.

Isḥāq Ibn ˁImrān, repris plus tard par Ibn Wāfid, la présente comme une substance chaude et sèche qui dilate les obstructions de la tête et fortifie le cerveau.

Ibn al-Bayṭār, s’appuyant sur le Kitāb al-filāḥa an-nabaṭiyya (Le livre de l’agriculture nabatéenne), la décrit comme un antidote des piqûres du scorpion, en application externe sur la piqûre venimeuse, et un médicament carminatif que l’on administre par voie orale sous la forme d’un oléat composé dans lequel entrent d’autres simples ayant la même activité.

Pour Dāwūd al-Anṭākī, la falanǧah – sur l’identité de laquelle il divergeait avec les Anciens – est à la fois une graine et une racine, de saveur amère, de nature chaude et sèche au second degré. Il lui attribue une activité carminative, calmante de l’estomac, antidotique des poisons en boisson et du venin des scorpions en application locale. D’après lui, sa racine exercerait aussi une action répulsive sur ces derniers, par sa seule odeur, et serait efficace « pour faire disparaître l’étouffement », administrée par voie orale à la dose d’un demi-drachme.

À noter qu’en Inde, dans les harems, les femmes se servaient de la falanǧah pour la préparation de compositions (onguents, parfums et confiseries) de séduction à caractère stimulant des sens et aphrodisiaques.

Enfin, en pharmacotechnie, la falanǧah était utilisé dans les formulations en raison de son pouvoir gélifiant et son astringence.

radiographie du mot falanǧah

Dans les textes anciens, plusieurs variantes du mot falanǧah peuvent être relevées; nous trouvons tour à tour falanǧa, aflanǧa, fulinǧān, fulanǧān, falanǧān, falaniya.

Falanǧa serait un mot persan découlant du néo-persan falanǧe selon R. Dozy (1881) (sous aflanǧa, vol. I. 29) et F.J. Steingass (1892) (sous aflanǧa et falanǧa).

Le néo-persan est une langue sœur du sanskrit, toutes deux appartenant à la famille linguistique indo-européenne. Des rapprochements peuvent donc être faits entre les deux langues, notamment dans la manière dont elles construisent les mots.

Falanǧān (variante de falanǧa) apparait comme un mot de structure binaire du même type que bāḏanǧān (pour l’aubergine), sūrinǧān (pour le colchique), etc., des mots dont on retrouve des formes proches dans le sanskrit. Ainsi le mot persan bāḏanǧān a une parenté avec le sanskrit vātiga-gana (litt.: “plante à oeufs”)([11]) (Collectif, 1972).

Possédant la même structure, falanǧān semble dériver du mot composé vālā-gana qui pourrait se traduire par “plante à parfum” (dans le sanskrit, langue proche du néo-persan, vālā ou bālā = parfum; et gana = plante).

D’ailleurs, selon Laufer (1919), le radical néo-persan bo, qui entre dans la construction du nom de nombreuses plantes aromatiques, aurait le sens de ‘parfum’. Nous le rencontrons, par exemple, dans naz-bo, l’une des nombreuses appellations du basilic en Iran. Le même auteur a relevé les mots sogdiens boban et boda qui signifient ‘parfum’ et qui auraient donné le vernaculaire bolan pour une plante aromatique indéterminée, native de Sogdiane. Cette plante, un herbier chinois en dix volumes datant du VIIIe siècle (dynastie Tang), le Pen ts’ao ché yi (“Pen ts’ao qui répare les omissions”), écrit par Tch’en Ts’an-k’i, la mentionne, en lui donnant cette même origine, sous le nom de bu-lan-la-lak et fu-lan-la-lak, des mots composés – construits selon un procédé classique de la langue chinoise – dans lesquels on reconnait la-lak, variante de lo-lo, le nom chinois du basilic, et fu-lan (bu-lan), le nom étranger de la plante.

Falanǧah est donc a priori un terme générique susceptible d’être utilisé pour divers produits végétaux odorants et même pour des mélanges en contenant. Nous trouvons d’ailleurs aujourd’hui en persan, en hindi et en urdu de nombreux vernaculaires s’apparentant à ce mot dans la désignation de diverses plantes aromatiques: ilanǧi et elenǧi pour Mimusops elengi L., baranǧi pour Clerodendron serratum (L.) Moon., tuḫm alanga (tuḫm = graines, semences en persan) pour les graines de Nepeta elliptica Royle ex Benth., balangu pour Dracocephalum royleana (Benth.) Benth., etc. (Encyclopedia Iranica ; Hoofer & Field, 1937 ; Chopra, 1956). D’ailleurs, à ce propos, al-Bīrūnī n’a pas manqué de relever que les mots falanǧah, fāġiya et naylūfar hindī pouvaient s’appliquer au même produit chez certains auteurs (Abū Muˁāḏḏ al-Ǧawamkanī Ismaˁnī, al-Rāzi). Rappelons ici que l’équivalence falanǧah / zarnab a aussi été posée dans certains traités arabo-islamiques. Or chacun de ces termes désigne aussi, plus spécifiquement, une espèce végétale distincte, appartenant au registre des parfums et cosmétiques de l’Orient. Nous voyons dans cette permutabilité lexicale, une autre preuve que le mot falanǧah a pu être utilisé autrefois comme terme générique.

La polyvalence sémantique que nous venons de signaler n’exclut pas, toutefois, qu’une espèce végétale particulière, considérée, dans une région déterminée, comme la plante à parfum par excellence, ait pu s’approprier le mot jusqu’à en faire son nom propre. C’est par un mécanisme identique que le mot arabe rayḥān – qui signifie plante odorante – sert à désigner au Moyen-Orient les basilics (diverses espèces du genre Ocimum L.) et au Maghreb le myrte (Myrtus communis L.). La même observation peut être faite pour le mot fāġiya, du même registre aromatique arabe, qui est, à l’origine, un terme générique pour toute fleur odoriférante, et qui a fini par se fixer pour la fleur du henné (Lawsonia inermis L.), et sous des formes apparentées pour d’autres floraisons agréablement parfumées : on peut citer, par exemple, le vernaculaire fuqqāḥ pour l’inflorescence du schoenante [Cymbopogon schoenanthus (L.) Spreng.] au Hedjaz.

Nous avons là, dans cette polyvalence des vernaculaires, un début d’explication aux divergences que l’on peut relever dans les descriptions laissées par les Anciens de la falanǧah du droguier arabo-persan. Nous verrons plus loin quels ont pu être, selon les auteurs et les époques, les différents végétaux produisant le simple ainsi nommé.

la falanǧah, en tant que simple et en tant que mot dans les traités anciens : synthèse des données

Pour dire les choses rapidement, l’analyse des données disponibles sur la falanǧah dans les sources anciennes font ressortir un point de vue majoritaire, qui la décrit comme un grain aromatique provenant de la Sufālah indienne (à prendre comme un marché et non comme une région de production) et plusieurs autres points de vue, dissidents, qui en font, pour certains d’entre eux, un autre grain provenant d’Inde ou de Syrie, pour d’autres une feuille, et pour d’autres encore un bouton floral ou même une racine.

1/ Le point de vue dominant

Nous avons vu précédemment que le Kitāb ǧawāhir aṭ-ṭīb al-mufrada (Traité des substances simples aromatiques) d’Ibn Māsawayh, rédigé au IXe siècle – un traité qui a fait autorité dans son domaine durant plusieurs siècles – décrivait la falanǧah comme un fruit ayant l’aspect de la moutarde et l’odeur de la pomme, dont il existait deux variétés – l’une rouge (la plus pesante et la meilleure), l’autre noire – que l’on recevait de Sufālah et que les femmes faisaient entrer dans leurs onguents parfumés.

Sufālah est une indication géographique qui revient souvent dans les textes arabes, plus particulièrement dans les documents commerciaux, les livres de navigation et la littérature légendaire. Mais il existe plusieurs Sufālah.

La Sufālah la plus anciennement connue des Arabes est une ville établie sur la côte indienne (la Sofala des cartes, aujourd’hui Sofale, 11 km au nord de Bombay). Abū l-Fidāˀ (1273-1331) en parle dans son livre de géographie et nous apprend qu’elle porte aussi le nom de Sopara (Reinaud & De Slane, 1840).

Une autre Sufālah est située par les auteurs arabes sur la côte orientale de l’Afrique([12]). Elle constituait le terminal africain du trafic maritime avec la Sofala indienne, d’où son nom. Pour la distinguer de celle-ci, on la surnomma Sufālat az-Zanǧ (“Sufālah des Noirs de l’Afrique orientale”) ou Sufālat aḏ-ḏahab (“Sufālah de l’or”) ou Sufālat at-tibr (“Sufālah de la poudre d’or”). al-Bīrūnī disait de cette dernière: « passé Sufālah, l’Océan indien rejoint l’Océan occidental [l’Atlantique] ». Au XIIe siècle, al-Idrisī donnait de Arḍ as-Sufālah (“le pays de Sufālahˮ) un peu plus de détails, ce qui permet de situer ce territoire dans l’actuel Mozambique. Sufālat az-Zanǧ est aujourd’hui identifié à un mouillage qui se trouve à l’embouchure de la rivière du même nom, 35 kilomètres au sud du port mozambicain de Beira. Il fut visité par les navigateurs arabes et persans dès le IXe siècle, peut-être même avant, puis par les Portugais qui en prirent possession en 1505.

Dans le cas d’Ibn Māsawayh, il ne peut s’agir que de la Sufālah indienne car de nombreux produits qu’il fait provenir de ce comptoir ne sont pas originaires d’Afrique mais d’Inde ou d’Indonésie (santal, clou de girofle, noix de muscade, macis, cardamomes, camphre). De plus, à propos de l’ambre gris, dans sa description de ses variétés, il distingue celle qui provient du pays des Zanǧ de celle de Sufālah. Enfin, il associe à sa Sufālah des localités qui ne se trouvent pas en Afrique mais en Inde ou en Asie du Sud-Est (Qumār, Ṣanf).

La falanǧah d’Ibn Māsawayh était, par conséquent, un produit asiatique.

La description de base de la falanǧah rapidement brossée par Ibn Māsawayh fut ensuite reprise par les auteurs arabo-persans venus après lui, les uns sans rien y changer – comme un autre spécialiste des parfums, le persan al-Ḫuškī, auteur du Kitāb al-ˁiṭr – les autres en y adjoignant des détails de morphologie ou des équivalences de noms qui permettent d’aller un peu plus loin dans la connaissance de cet aromate. C’est le cas d’Isḥāq Ibn ˁImrān, qui nous précise que la plante est constituée de ramicules noueux; de ˁAlī aṭ-Ṭabarī et d’Ibn Hayṯam qui en font une petite variété de cubèbe ; et d’Ibn Buklāriš qui la décrit comme comprenant des brins semblables à ceux du thym.

Abū l-Ḫayr al-Išbīlī, quant à lui, dans la ˁUmdat aṭ-ṭabīb, va faire la synthèse de toutes ces données : « les gens disent que c’est une herbe qui entre dans la préparation de la ġāliya et les apothicaires de l’Irak affirment que c’est des graines qui ressemblent à la moutarde avec de petits rameaux comme ceux du thym (ṣaˁtar), noueux et rouges penchant vers le noir, de saveur astringente, qu’on utilise pour colorer les onguents. La meilleure qualité est celle qui est lourde et très rouge; elle entre dans les parfums ». Et plus loin, à l’article du cubèbe, Abū l-Ḫayr al-Išbīlī fera de la falanǧah l’une de ses petites variétés. Quant au lieu de provenance du végétal qui fournit la drogue, pour cet auteur andalou du XIIe siècle, ce serait les montagnes de Syrie où il pousserait en abondance.

Mais tous ces auteurs ne décrivent que le simple et ne nous apportent aucune indication d’ordre botanique sur le végétal qui le fournit.

Dāwūd al-Anṭākī, un auteur de la période tardive de la médecine arabe (XVIe siècle), est le seul, en fait, qui nous renseigne un peu sur celui-ci, dans sa Taḏkirat ulī l-albā : « [C’est] une graine qui pousse en Inde. La plante atteint une coudée. Ses feuilles sont comme celles de l’amandier, ses fleurs sont blanches; leur succèdent des capsules (ġalafān) comme celles de la jusquiame contenant à l’intérieur des graines comme celles de la moutarde mais d’un rouge éclatant, d’odeur puissante, de saveur amère […] ».

Alors Inde ou Syrie? Nous verrons plus loin comment ces avis discordants sur la provenance du produit peuvent être interprétés tout en conservant sa cohérence au tableau descriptif précédent.

2/ Les points de vue dissidents

Quasiment tous les auteurs que nous venons de voir sont d’accord pour dire que la falanǧah est un grain (graine ou petit fruit) semblable à celui de la moutarde.

Il y eut cependant quelques avis se démarquant de l’opinion prédominante.

Certains en ont fait la feuille du muscadier, comme nous l’apprend Dāwūd al-Anṭākī, dans sa réfutation de certaines allégations émises par les Anciens ; d’autres ont affirmé que la falanǧah et le zarnab étaient une seule et même chose ; d’autres encore (comme Ibn Māssa et Abū Muˁāḏḏ al-Ǧawamkanī Ismaˁnī, cités par al-Bīrūnī) ont décrit la falanǧah, connue en hindi sous le nom de kunah parnīk, comme étant certaines fois un mélange de boutons floraux et de petites graines rouges, d’autres fois la racine du naylūfar hindī (Nymphaea nouchali Burm.f.).

Quant à l’équivalence falanǧah = kabbāba (cubèbe), non établie au départ par Ibn Māsawayh, mais que plusieurs auteurs après lui ont énoncée, tandis que d’autres comme Dāwūd al-Anṭākī la dénonçaient, elle ne semble être qu’un regroupement formel de deux produits, la falanǧah et le kabbāba, possédant des ressemblances aromatiques ; nous aurons l’occasion de reparler plus loin de cette assimilation.

recherches autour de la falanǧah-plante et de son identité botanique

Dès lors que nous avions réuni tout ce qu’il nous a été possible de trouver sur la falanǧah dans la littérature ancienne, mettre un nom scientifique sur le végétal qui fournit ce produit aromatique, dont l’identité exacte n’a pu être établie à ce jour, devint l’objectif de nos investigations ultérieures.

Notre premier travail de criblage et de sélection a consisté à relever dans le vocabulaire naturaliste utilisé par les auteurs anciens et les pharmacopées du Proche-Orient, de l’Asie centrale et de la Péninsule indienne, les espèces végétales aromatiques dont les vernaculaires locaux auraient une parenté avec le mot falanǧah et qui posséderaient, en même temps, les caractéristiques décrites pour ce produit.

Pour procéder à ce recensement, nous nous sommes aidés de la littérature ethnobotanique et ethnopharmacologique publiée sur la Syrie, l’Irak, la Turquie, l’Iran, l’Afghanistan, l’Ouzbékistan, le Turkestan, le Pakistan et l’Inde, des études linguistiques qui ont pris ces pays pour champ d’investigation et des flores régionales. Nous donnons dans notre bibliographie, la liste des principales publications consultées.

A. Les items sélectionnés
1. faranǧmušk/falanǧmušk/baranǧmušk/badranǧmisk

Ce filtrage sélectif, tout à la fois philologique et ethnobotanique, nous a rapidement orienté vers un ensemble de plantes aromatiques des pharmacopées perse et indienne, et de mots du lexique botanique persan, ou persan arabisé, qui répondaient aux critères que nous avions définis. Pour les plantes, notre sélection se trouva constituée essentiellement de Lamiacées; pour les mots, nos recherches nous ont orienté vers l’examen minutieux du vernaculaire chef de file faranǧmušk et de ses nombreuses variantes : ifranǧmušk, falanǧmušk, falanǧamušk, falanǧamisk, baranǧmušk. badranǧmisk. Ces mots revenaient souvent dans les textes arabo-musulmans médiévaux que nous avons consultés, désignant diverses plantes aromatiques, plus ou moins bien identifiées par les Anciens mais, en tout cas, sans lien direct avec notre falanǧah, toujours traitée dans des articles séparés. Les plantes ainsi nommées étaient prescrites comme médicaments simples, avec des indications précises, ou comme constituants de remèdes composés dont un exemple est l’électuaire au bois d’agalloche et au faranǧmušk d’Ibn Sīnā([13]).

Le phytonyme faranǧmušk, persan arabisé, est mentionné comme dérivant du mot composé palang-mošk par plusieurs auteurs anciens qui s’accordent tous pour lui donner le sens de musc-léopard, une appellation à rattacher, de l’avis général, aux nombreuses ponctuations que montrerait la feuille de la plante par transparence([14]) (Encyclopædia Iranica). En réalité, ce n’est là, nous semble-t-il, qu’un bricolage étymologique produit a posteriori, le vrai sens du mot palang/falanǧ/balanǧ ayant été perdu avec la tombée en désuétude de la langue néo-persane et son remplacement par le persan, une langue très infiltrée par l’arabe. À notre avis, il faudrait plutôt rendre ce mot par “plante odoriférante à senteur de musc”, comme nous l’avons suggéré plus haut dans notre texte.

L’appellation faranǧmušk a été appliquée par ces auteurs à une plante aromatique à tige quadrangulaire qui présente tout le profil d’une Lamiacée et qui aurait l’odeur du clou de girofle, ce qui lui a valu d’être également nommée al-ḥabaq al-qaranfolī. D’autres noms lui ont été accolés par la suite comme étant équivalents : ˁIsà Ibn Sahārbuḫt, cité par al-Bīrūnī, a rapporté pour elle al-qurunful al-bustānī (“clou de girofle cultivé ”) ; Abū Ḥanīfa ad-Dīnawarī, aṣābiˁ al-fatayāt (“doigts de jeune fille”) ; Abū Bakr Ibn ˁAlī Kāsānī (XIVe siècle), le synonyme hindi tulsi ; et Muḥammad Ḥusayn Ibn Ḫalaf Tabrīzī (XVIIe siècle), dans son dictionnaire Borhān-e qāṭeˁ, celui de balangu-ye ṣaḥrāˀī (“balangu sauvage”).

Deux variétés de faranǧmušk sont décrites dans les livres : une variété cultivée (bustānī) surnommée hindī et une variété sauvage (barrī) dite ṣīnī. Il ne faut cependant pas prendre toujours à la lettre ces attributs de lieux. En effet, quand la provenance d’un produit était mal connue, on lui attribuait une origine fictive afin de pouvoir quand même le nommer et le distinguer des produits du même groupe: la Chine (ṣīn), l’Inde (hind), le Sind (sind), la nation des Mazdéens (bilāḍ al-maǧūs), la contrée des Byzantins (bilāḍ ar-rūm), la Slavonie (bilaḍ aṣ-ṣaqāliba), etc. Et plus éloigné et mystérieux était ce pays, plus grande et légendaire était la réputation du produit sensé en provenir. Ibn al-Bayṭār (Ǧamiˁ al-mufradāt, n° 94, 591, 1676) et Ibn Sīnā (Qānūn, Livre II), par exemple, consacrent tous les deux quelques lignes à ces variétés.

La première des deux variétés de faranǧmušk est décrite comme possédant des tiges quadrangulaires, de toutes petites feuilles, vertes à jaunes, et l’odeur du clou de girofle ; la seconde variété comme poussant dans la rocaille, avec des feuilles minces comme celle du thym et une odeur plus puissante que la précédente. Selon Tonekâboni (1981), leurs petits fruits, considérés comme aphrodisiaques, sont exportés d’Iran vers l’Inde, sous le nom de faranǧmešk/baranǧmešk.

2. fesleǧen

Nos recherches nous ont également mis en présence du mot osmanli fesleǧen mentionné par Roediger & Pott (1850) comme employé à son époque dans la littérature ottomane pour désigner une plante aromatique du groupe des basilics, sans doute la même à propos de laquelle le médecin persan du Xe siècle, ˁAlī Ibn ˁAbbās al-Maǧusī disait : « le meilleur des šāh‑esfaram est importé du bilād al-Rūm [c’est-à-dire l’Anatolie] et les meilleures graines sont celles qui sont noires, lourdes, petites et odorantes ».

B. Des plantes et des mots: mises en correspondance anciennes et contemporaines

Quelles plantes sont recouvertes par ces vernaculaires? Telle est la question qui s’est immédiatement posée à nous et à laquelle nous avons tenté de trouver une réponse.

Plusieurs identités ont été proposées pour le faranǧmušk des livres arabes: Ocimum basilicum L., Ocimum gratissimum L. Ocimum sanctum L., Calamintha clinopodium Benth., Calamintha officinalis Moench, Melissa officinalis L. et Dracocephalum royleana (Benth.) Benth. [=Lallemantia royleana (Benth.) Benth.] (Dymock & al., 1890-1893 ; al-ˁAqīlī al-ˁAlawī al-Ḫurāsānī, 1732, cité dans Encyclopaedia iranica ; Schlimmer, 1874).

Les vernaculaires synonymes al-ḥabaq al-qurunfulī et al-qurunful al-bustānī sont bien aujourd’hui des noms de basilics divers à odeur de clou de girofle. Le phytonyme aṣābiˁ al-fatayāt (“doigts de jeune fille”) peut s’expliquer par l’aspect ramifiée et grêle, rappelant vaguement une main ouverte, de l’inflorescence de plusieurs espèces du genre Ocimum. Le mot tulsi (du sanskrit tūlasī, sūrasī /surāsa) désigne, quant à lui, en hindi, un basilic indien, Ocimum sanctum L. (= O. tenuiflorum L.f., le basilic sacré), mais l’équivalence posée par Abū Bakr Ibn ˁAlī Kāsānī entre al-qurunful al-bustānī (= faranǧmušk) et tulsi n’est pas recevable – bien qu’une note subtile de clou de girofle (due au méthyl-eugénol et à l’eugénol) compose leur odeur à tous deux –, car la distribution géographique des deux espèces est différente.

En effet, les populations de la Péninsule indienne font une distinction nette entre le basilic sacré, Ocimum sanctum L., originaire du Nord de l’Inde([15]), mais cultivé partout dans les maisons et dans les temples, et les autres espèces de basilic. Pour elles, c’est une espèce à part, en raison de son statut de plante dédiée à Vishnu et Krishna, et faisant l’objet, de ce fait, d’une véritable vénération ; c’est le tulsi par excellence, les autres basilics n’étant des tulsi que par tolérance, une position de second ordre par rapport au basilic sacré, le “vrai” tulsi, un déclassement souligné par l’adjonction d’un préfixe : rām-tulsi (O. gratissimum), dulal-tulsi (O. canum), ban-tulsi (O. basilicum).

Quant au mot palang-mošk, il est mentionné souvent dans les textes zoroastriens les plus anciens, la Lamiacée qu’il désigne ayant occupé apparemment une grande place dans la culture farsi.

En fait, sur cette question délicate de l’identification des vernaculaires livresques, les réponses les plus fiables nous sont apportées par les enquêtes de terrain qui ont été conduites, à différentes époques, auprès des herboristes et des populations d’Iran, d’Afghanistan, du Pakistan, de l’Inde, du Népal, d’Irak et de Syrie (Schlimmer, 1874 ; Dymock & al., 1890-1893 ; Hooper & Field, 1937 ; Chopra & al., 1956, 1969 ; Khan Usmanghani & al., 1986 ; Younos & al., 1987 ; Honda & al., 1990 ; Manandhar & Manandhar, 2002 ; Khare, 2007). Nous reproduisons ci-dessous les résultats de ces enquêtes qui intéressent notre sujet.

À Téhéran, dans la première moitié du siècle dernier, faranǧmušk et baranǧmušk désignaient le calament clinopode ou basilic sauvage (Calamintha clinopodium Benth. = Clinopodium vulgare L.), une espèce commune en Région méditerranéenne, du Maroc à la Syrie et de l’Asie mineure jusqu’à l’Iran, l’Iraq et le Transcaucasie. Les graines de cette plante qui se vendaient à la même époque en Inde venaient d’Iran (Hooper & Field, 1937). Réputées stimulantes et aphrodisiaques, elles sont décrites comme des graines de couleur marron foncé, de forme oblongue et triédrique, de dimensions réduites (2 mm x 1 mm), portant vers l’ombilic une marque blanche en V, se couvrant d’un mucilage transparent quand elles sont trempées dans l’eau.

À la même époque, Dracocephalum moldavica L. était appelé dans la capitale iranienne bad-i-ranǧah buyah, badriš-bu et badrenǧ-buyih, des vernaculaires qui signifient en persan “le remède aromatique pour les flatulences”. La plante entière et les graines y sont en effet encore utilisées comme carminatif et tonique. bad-i-ranǧahbuyah est un remède important en Iran, mais le nom s’applique aussi indifféremment à d’autres Lamiacées appartenant aux genres Nepeta, Calamintha ou Melissa, possédant à peu près la même odeur et douées des mêmes propriétés. À la fin du XIXe siècle, à Tabriz, Schlimmer (1874) avait déjà identifié le bad-i-ranǧah buyah au Dracocephalum moldavica L. (Hooper & Field, 1937). Ses graines sont noires, longues de 2 mm, portent une marque blanche en forme de V et libérant un mucilage opaque quand elles sont trempées dans l’eau.

Toujours à Téhéran, les graines de Dracocephalum royleanum Benth. [= Lallemantia royleana (Benth.) Benth.] sont dénommées bālingū et bālingū-širazi, tuḫmibalangu et tuḫmimalangu en Inde. Cette plante se rencontre partout en Iran, au Balouchistan, en Afghanistan, au Turkestan et dans le Nord de l’Inde. Les graines sont noires, presque oblongues, mesurant 3 mm x 1 mm, lisses, arquées sur l’une des longueurs et portant un point blanc sur l’ombilic. Trempées dans l’eau, elles se couvrent immédiatement d’un mucilage opaque, gris. Elles sont utilisées comme antitussif (Hoofer & Field, 1937 ; Chopra & al., 1956).

Une autre espèce du même genre, Dracocephalumibericum M.Bieb. [= Lallemantiaiberica (M. Bieb.) Fisch. & C.A. Mey.] est appelée bālingū šahrī à Téhéran et garazaˁrak (“petites graines noires”) à Tabriz. Ses graines sont plus grandes que celles de Dracocephalumroyleanum Benth., faisant 5 mm x 1.5 mm, de couleur brunâtre et portant une marque blanche en V à l’apex. Elles se couvrent lentement de mucilage quand elles sont trempées dans l’eau. En Iran, elle fait partie des espèces potagères. C’est aussi une plante oléicole, cultivée pour la production d’huile alimentaire.

DracocephalumKotschyi Boiss., portait, quant à elle, selon Buhse & Boissier (1860) et Schlimmer (1874), le nom de palang-mošk dans le Mazandéran (ou Tabaristan), et celui de ˁalaf-e māst (“herbe à yogourt”) dans le Semirān supérieur.

Le basilic (Ocimum basilicum L.) est appelé de nos jours rayḥān en Iran. Il est aussi appelé badranǧ (comme le faisait déjà Ibn Sīnā), bien que ce vernaculaire soit utilisé surtout pour Ocimumcanum Sims. Autrefois, il portait le nom de šāh-separam (variantes: šāh–esfaram, esparġam, esparham, separġam, separham, sparm, sparġm, sparhm, spahrm) qui signifie “feuille odorante de roi”, vernaculaire que les Grecs ont rendu par Basilikon (“plante royale”). Le mot est en fait utilisé dans la littérature perse classique comme terme générique pour toute plante à feuilles, fleurs ou fruits aromatiques, le qualificatif šāh (“royal”) servant à distinguer les meilleures variétés (que ce soit du point de vue de leur qualité ou de leur taille) (Encyclopaedia iranica).

À Téhéran, les graines de basilic, portent le nom de tuḫm-i-rayḥan (Hooper & Field, 1937). Elles sont noirâtres, oblongues, mesurant 2 mm x 2,5 mm, légèrement arquées avec une marque blanche sur l’ombilic. Placées dans l’eau, elles se couvrent immédiatement d’un mucilage opaque. Schlimmer (1874) a rapporté que les Iraniens la consomment dans du pain et du fromage. De grandes quantités en sont exportées aussi vers l’Inde. Nous avons vu précédemment que le médecin persan du Xe siècle, ˁAlī Ibn ˁAbbās al-Maǧusī, estimait que le šāh-esfaram de qualité supérieure était celui que l’on importait du bilād al-Rūm (Anatolie) et que les meilleures graines étaient noires, lourdes, petites et odorantes. Ce basilic de Turquie, qui porte aujourd’hui en turc les noms de rayḥan et de feslegen/ fesleǧen, est bien Ocimum basilicum L.

Ocimumcanum Sims est appelé rayḥān kuḥi ou badranǧ labyeḍ (“badranǧ blancˮ) à Téhéran. Ses graines portent le nom de tuḫm-i-šarbati (litt. : “les graines à sorbet”). Elles sont noires, plus petites que celles du basilic précédent (O. basilicum L.), oblongues, mesurant 2 mm x 1 mm, légèrement arquées sur un côté et portant une marque blanche sur l’ombilic. Comme les graines précédentes, immergées dans l’eau, elles se couvrent d’un mucilage opalescent. En Iran, ces graines sont un ingrédient indispensable des sorbets à la glace. Selon Schlimmer (1874), elles proviennent surtout des montagnes de la région de Shirāz et, de là sont distribuées dans tout l’Iran. En médecine, elles sont indiquées comme cardiotonique et antitussif.

Une autre Lamiacée aromatique, Nepetaelliptica Royle ex Benth., est très utilisée par la pharmacopée indienne, notamment ses graines, connues au Penjab sous le nom de tuḫmalanga (Chopra & al., 1956), un vernaculaire inspiré du persan qui signifie “graines d’alanga”. La plante se rencontre au Pakistan, au Cachemire, dans le Nord-Ouest de l’Inde, au Népal, dans tout l’Himalaya et en Afghanistan. Les graines, ellipsoïdes, de couleur brun foncé, luisantes, mesurent 1,5 mm x 1 mm.

Hooper et Field (1937) rapportent qu’on trouvait en 1930 dans les boutiques de Téhéran les plantes séchées et les graines de plusieurs autres espèces de Nepeta provenant du Sind et du Balouchistan. C’est une importante drogue connue en Iran sous les mêmes noms de bad-i-ranǧah buyah et badriš-bu que Dracocephalummoldavica L.

D’autres espèces aromatiques dont les graines appartiennent à l’arsenal des encens et des cosmétiques des populations de l’Himalaya sont des plantes de la famille des Morinacées: Morinacoulteriana Royle, à fleurs jaunes, Morinapersica L., à odeur de géranium, ou Morinalongifolia Wall., à odeur citronnée. C’est vraisemblablement l’une de ces espèces qui est mentionnée par Dāwūd al-Anṭākī comme une variété de zarnab dont – rappelons le – il fait l’équivalent de la falanǧah.

discussion

Toutes les données que nous avons recueillies, provenant soit de sources écrites anciennes soit d’enquêtes de terrain, font ressortir la place importante occupée autrefois dans la tradition persane, comme aromate, cosmétique et remède, par les petits fruits de différentes Lamiacées et Morinacées à distribution régionale. Au nombre de ces taxons, les espèces des genres Ocimum, Dracocephalum, Lallemantia, Nepeta, Calamintha et Morina sont les plus couramment utilisées.

Cette tradition de la Perse ancienne – d’un grand raffinement, comme on le sait – a beaucoup influencé, à différentes époques, les cultures qui l’avoisinaient, qu’elles aient été byzantine, arabe, indienne ou turque. Rome, puis Byzance, furent les premiers à reconnaître l’excellence de cette tradition et à s’en inspirer. En Inde, les Moghols, grands admirateurs de la culture persane, en furent les zélés propagateurs durant les siècles de leur domination sur la péninsule. Ils lui firent même connaître un regain de développement en la conjuguant au riche patrimoine immatériel indien. De leur côté, l’Islam aidant, Arabes et Ottomans en assimilèrent des pans entiers dans leurs civilisations respectives, notamment dans les domaines de la science, de la culture et de l’art de vivre.

En matière de parfums, d’aromates et de pratique cosmétique, la falanǧah, en tant qu’objet et en tant que technologie, fut l’un des produits représentatifs de cette brillante tradition adoptés par toutes les sociétés du Proche-Orient et de l’Asie du Sud-Est. Symbole de luxe et de raffinement, elle devint rapidement l’accessoire incontournable des stratégies de séduction et, acquit de ce fait un grand renom, auquel son origine mal connue, supposée exotique, ajoutait une pointe de prestige. Les plantes qui fournissaient les deux variétés de ce simple, étaient en effet inconnues des usagers, car seuls les produits marchands circulaient. De plus, leur distribution commerciale se faisait essentiellement à partir des comptoirs de l’Inde et non directement des régions de production, ce qui rendait possible toutes les spéculations sur leur vraie nature et sur leur provenance.

Sur la base de la description sommaire que nous ont laissée les auteurs anciens, nous savons que la falanǧah historique était un petit grain ayant l’allure (ou la taille ?) d’un grain de moutarde, de couleur ‘rouge’, et exhalant, selon Ibn Māsawayh repris par ses successeurs, la même odeur que la pomme. Par ‘rouge’, il faut comprendre toute une gamme de couleurs allant du vermillon au châtain foncé, car les Arabes n’utilisaient pas alors des mots spécifiques pour exprimer les différentes nuances du marron. Il faut noter également, à propos du registre olfactif décliné par Ibn Māsawayh, que l’odeur de pomme qu’il attribue à la falanǧah est la même qu’il assigne au musc chevrotin et au nard indien. Quand il décrit les caractères organoleptiques des aromates, Ibn Māsawayh – qui est né et a vécu à Baghdad – se réfère, en effet, aux odeurs qu’il connaît et dont la palette est fournie par les productions locales. L’odeur de pomme qui lui sert de référence est clairement la pomme de Damas et du Liban dont il fait état dans une autre partie de son traité, une variété qui existe toujours et qui est classée miskī (muscat). Au lieu d’odeur de pomme, nous dirions plutôt de nos jours ‘odeur musquée’ et c’est cette note olfactive qu’il convient donc de retenir pour la falanǧah.

Les auteurs anciens nous apprennent aussi que la falanǧah provenait de la Sufālah indienne (Sofala), un comptoir commercial vers lequel convergeaient, à l’époque de son plus grand essor, des marchandises arrivant de partout, d’où elles étaient ensuite redistribuées dans toutes les directions. Par leurs positions spatiales privilégiées, situées au cœur de l’Océan indien, et leurs infrastructures maritimes, les ports de la Côte de Malabar étaient, en effet, devenus, dès le VIIIe siècle, de grandes plateformes de correspondance commerciale (on dirait aujourd’hui des hub) où s’échangeaient les produits les plus divers. L’Inde occupe d’ailleurs toujours cette place dans le trafic international des épices et des substances naturelles, notamment pour ce qui est des simples constituant le droguier cosmopolite de la pharmacopée arabe.

C’était aussi en grande partie par l’Inde, que s’écoulaient les produits de l’Iran actuel et de l’Asie centrale. Ce trafic de l’Iran, de l’Afghanistan, du Balouchistan, du Sind, du Cachemire ou de l’Himalaya vers les marchés indiens, Schlimmer (1874), Hooper & Field (1937), Tonekâboni (1981), Dymock & al. (1890-1893), Chopra & al. (1956), et bien d’autres auteurs, l’ont tous évoqué à propos des petits fruits du Calaminthaclinopodium Benth., d’Ocimum basilicum L., d’Ocimum canum Sims., de Nepetaelliptica Royle ex Benth., de Dracocephalum moldavica L., des Morina coulteriana Royle, de Morina persica L., de Morina longifolia Wall., de Dracocephalum moldavica L., et de nombreuses autres plantes aromatiques.

Ces données de divers ordres que nous réunissons aujourd’hui en un seul corpus afin que les bribes éparses de vérité contenues en chacune d’elles, en venant s’additionnant les unes aux autres, nous donnent matière à entrevoir l’identité de la falanǧah, cette saisie globale, compilatoire, de l’information disponible, les auteurs anciens ne pouvaient évidemment pas l’opérer, étant donné la connaissance fragmentaire et indirecte qu’ils avaient du produit en question.

Les auteurs arabes ont pourtant bien mentionné les faranǧmušk, badranǧ, šāh-separam, ḥabaq qurunfulī et rayḥān orientaux, sur la foi de ce qu’ils en avaient appris auprès d’érudits persans et ont su associer ces vernaculaires à des végétaux aromatiques de leurs pays respectifs, semblables ou très proches, notamment à des basilics, mais sans jamais établir la moindre connexion, pas même de l’ordre de la supposition furtive, avec la falanǧah. Et pour cause: ils connaissaient séparément, d’une part les ḥabaq de leurs flores locales, en tant que plantes, d’autre part les grains falanǧah en tant que marchandise, des grains qui pouvaient différer quelque peu des graines des ḥabaq indigènes. La plupart de ces auteurs n’avaient même jamais vu la graine de falanǧah et ne l’ont décrit qu’en s’appuyant sur l’autorité de prédécesseurs célèbres. Cela ressort clairement d’un commentaire de la ˁUmdat aṭ-ṭabīb dans lequel l’auteur se réclame de renseignements communiqués par les apothicaires de l’Irak lorsqu’il présente les caractères morphologiques de la graine. La drogue avait par ailleurs de nombreux substituts, ce qui ajoutait de la complexité à la bonne connaissance de l’objet.

Sur le plan de l’usage de ces plantes en médecine, ces auteurs n’ont pas davantage entrevu le parallélisme qui existait entre l’activité pharmacologique que prêtaient les Anciens à la falanǧah et les propriétés attribuées aux différentes espèces aromatiques répondant aux noms de faranǧmušk, badranǧ et autres synonymes. Les allégations d’activité carminative, antivenimeuse, tonique, aphrodisiaque, plus spécialement, sont pourtant les mêmes pour toutes ces drogues.

Cette connexion qui a échappé aux auteurs arabo-musulmans, il est possible aujourd’hui d’en établir l’existence à la lumière de toutes les données philologiques, ethnobotaniques, ethnopharmacologiques et commerciales que nous venons d’évoquer et qui nous permettent d’avancer une proposition logique et raisonnable faisant de la falanǧah historique, celle décrite par Ibn Māsawayh, le petit fruit sec de l’une des Lamiacées et Morinacées aromatiques dont nous avons rapporté plus haut, pour l’Iran et pour l’Inde, les usages aromatiques et médicinaux. Dans le commerce, les graines de ces espèces étaient, selon toute vraisemblance, permutables entre elles, ce qui explique que les Anciens aient décliné la falanǧah en variétés différentes. Il nous semble cependant que les principales plantes qui ont fourni autrefois cet aromate ont été les espèces des genres Dracocephalum et Nepeta.

Toutes ces graines, comme les plantes qui les fournissent, sont aromatiques, la palette des senteurs allant de celles du musc (certains cultivars d’Ocimum sanctum et O. basilicum) à celle du clou de girofle (Ocimum gratissimum) en passant par celle du géranium (Morina persica). C’est la note sucrée-citronnée, présente dans le parfum de plusieurs de ces espèces (Ocimum basilicum var. citriodora, Dracocephalum kotschyi, Morina longifolia, Nepeta sp.), qui est toutefois la plus répandue dans ce groupe de plantes.

C’est sans doute parce qu’ils se sont fondés uniquement sur ce critère organoleptique que plusieurs auteurs anciens (Isḥāq Ibn ˁImrān, ar-Rāzī, Abū l-Qāsim az-Zahrāwī, Ibn Hayṯam, al-Idrīsī, Maïmonide), peu instruits sur leur vraie nature, ont énoncé l’équivalence entre la falanǧah et le zarnab, ce dernier étant lui-même décrit comme possédant une odeur de citron (voir à ce sujet Bellakhdar, 2013).

Une autre assimilation que l’on retrouve chez plusieurs auteurs arabes est celle qui fait de la falanǧah une variété de cubèbe de petite taille. ˁAlī at-Ṭabarī (IXe siècle) fut l’un des premiers à poser cette équivalence, suivi dans cette opinion par Ibn Hayṯam, Abū l-Ḫayr al-Išbīlī, ˁIzz ad-Dīn Ibn as-Suwaydī. Cette assimilation a été vraisemblablement nourrie par une ancienne mauvaise interprétation du carpesium de Galien – le myrsine agria (petit houx) de Dioscoride – dont certains auteurs ont fait le zarnab et d’autres le cubèbe. Le zarnab ayant été, par ailleurs, posé comme identique au falanǧah, on a obtenu, par le jeu des synonymies en cascade, l’équation cubèbe = zarnab = falanǧah. Il faut ajouter à cela que les Arabes distinguaient plusieurs cubèbes, le cubèbe vrai, kabbāba, Piper cubeba L., originaire de Java et considéré comme la grande variété, et divers petits cubèbes qui n’étaient en réalité que des poivres sauvages, appartenant eux aussi au genre Piper, à odeur plus fruitée que le poivre conventionnel (Piper nigrum L.). Au nombre de ces espèces, les poivres de Madagascar, de l’île Maurice et de la Réunion (Piper pachyphyllum Baker, P. pyrifolium Vahl) que les commerçants arabes ont connus très tôt en visitant la côte orientale de l’Afrique et dont ils se portaient acquéreurs, encore au début du XIXe siècle, pour les réexporter vers les pays du Golfe en tant que cubèbes, d’après Barthélémy Hugon, un traitant français installé à cette époque à Madagascar (Ratisvalaka, 1979). On trouvait également dans ces faux cubèbes, des fruits à queue cueillis sur des végétaux du genre Litsea (Lauracées) – notamment Litsea cubeba (Lour.) Pers. (= L. citrata Bl.) d’Inde, de Chine, d’Indochine, d’Indonésie et d’Asie du Sud-Est, L. pipericarpa (Miq.) Boerl. de Malaisie et d’Indonésie – des fruits d’Evodia rutaecarpa Benth. (Rutacées) de Chine et d’Inde, ainsi que d’autres petits fruits pédonculés et de saveur épicée fournis par diverses espèces (Bewerre, 1894).

Nous trouvons aussi chez les auteurs arabes – nous l’avons vu précédemment – des corrélations falanǧah produit/plante productrice qui sont en désaccord avec le point de vue défendu par Ibn Māsawayh. L’un de ces avis divergents est celui représenté par ˁIsà Ibn Māssa (IXe siècle), un avis qui semble s’apparenter, en dépit de quelques différences dans la description de la plante, avec celle que défendra, plus tardivement, Dāwūd al-Anṭākī. Le premier en fait la racine et les semences du naylūfarhindī([16]); le second la décrit comme une plante indienne dont on utilise aussi bien les semences que la racine, à feuilles semblables à celles de l’amandier, à fleurs blanches, donnant des capsules rappelant celles de la jusquiame et enfermant à l’intérieur de petites graines d’un rouge éclatant et d’une odeur puissante.

Cette dévolution du phytonyme falanǧah à un produit aromatique s’éloignant quelque peu de celui d’Ibn Māsawayh nous confirme que falanǧah est aussi un terme générique – comme nous l’avons dit au début de cet article – un terme qui peut éventuellement être appliqué à un produit aromatique naturel de substitution. Dans ce cas de figure, la description que nous ont donnée ˁIsà Ibn Māssa et Dāwūd al-Anṭākī de leur falanǧah colle tout à fait avec une Zingibéracée du genre Hedychium, vraisemblablement Hedychium spicatum Ham. ex Smith([17]), une plante de l’Himalaya subtropical dont la racine est utilisée aujourd’hui encore, en médecine indienne et tibétaine, comme carminatif, tonique et anti-venin (Chopra, 1956), des revendications thérapeutiques identiques aux propriétés prêtées à la falanǧah historique. De plus, les graines, qui sont effectivement oranges entourées d’arilles rouges et contenues au sein d’une capsule, ainsi que la racine, sont fortement aromatiques, exhalant une puissante odeur d’iris et d’hyacinthe. Dans la tradition indienne, cette racine est brûlée comme encens et utilisée comme parfum sec. Sa poudre, nommée abir en hindi, et son huile essentielle, sont employées en parfumerie, en cosmétique et dans l’aromatisation des tabacs à chiquer.

conclusion

De l’examen des textes anciens, il ressort que la nature du simple aromatique dénommé falanǧah dans les traités arabo-islamiques est variable d’un auteur à l’autre, en fonction des sources auxquelles cet auteur s’est référé et de l’époque à laquelle il a vécu. Cette grande variabilité nous permet de dire que le mot falanǧah a très vite reçu une amplitude de sens qui en a fait un terme générique applicable à divers produits occupant la même niche aromatique et galénique dans la préparation de compositions parfumées.

La drogue a d’abord été constituée, selon toute vraisemblance, par les graines (les petits fruits, en réalité) de Lamiacées diverses appartenant aux genres Ocimum, Dracocephalum, Lallemantia, Nepeta, Morina, des graines qui avaient la particularité d’apporter aux compositions dans lesquelles elles entraient, à la fois des propriétés aromatiques (par leurs huiles essentielles à notes olfactives variées) et des qualités techniques (huiles grasses, substances astringentes et mucilages) recherchées dans la préparation d’onguents, d’huiles et de gels parfumés.

Nous voyons ensuite – notamment avec Dāwūd al-Anṭākī – la falanǧah apparaître sous l’identité d’un autre produit aromatique, fourni par une Zingibéracée du genre Hedychium, dont la graine et la racine, très utilisées par la tradition indienne, développent une puissante senteur fleurie d’iris et d’hyacinthe. Il est possible que cette dévolution du nom falanǧah à cette espèce végétale ait été fondée au départ sur ses bonnes qualités aromatiques de substitution, des qualités peut-être même meilleures que celles du produit dont elle était le succédané et qui ont fini par l’imposer sur le marché des plantes à parfums comme “une autre falanǧah”. Des identités doubles (ou même multiples) de ce type ne sont pas rares en pharmacologie arabo-islamique, les substitutions visant généralement à faire correspondre des produits locaux, plus facilement disponibles ou plus performants, à un produit plus ancien, devenu moins courant ou plus obsolète. Dans une étude précédente, nous avons décrit le même mécanisme pour un autre produit aromatique, le zarnab.

Au fil du temps, la falanǧah est ainsi devenue un concept. Peut-être même qu’il le fut dès le départ, mais que cette réalité n’est pas apparue clairement chez les premiers auteurs.

La proposition que nous défendons est, en effet, que la falanǧah avait un lien avec les produits de séduction et de parure qu’utilisaient autrefois les femmes en Perse et en Inde et que le Kama Sutra décrit longuement([18]). Il s’agissait de préparations aromatiques – souvent des huiles ou des onguents – qui contenaient divers végétaux odorants. Ces mélanges portaient d’ailleurs souvent, comme nous l’avons vu précédemment, le nom de falonǧ. Du fait de cette destination particulière, tout produit aromatique qui a pu venir se substituer, pour une raison ou une autre, à la falanǧah historique, a pris son nom, par un mécanisme de dévolution lexicale que nous avons déjà observé et décrit pour d’autres substitutions.

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Notas
Notas
* Investigador en etnobotánica, e-mail: jamalbellakhdar@hotmail.com
([1]) Ibn Māsawayh distinguait deux catégories : 1/ Les substances aromatiques principales : musc, castoréum, ambre animal, bois d’agalloche, camphre et safran ; 2/ Les substances aromatiques secondaires : nard (sunbul), clou de girofle (qurunful), santal (sandal), noix de muscade (ǧawz bawwā), macis (basbās), rose (ward), cannelle (qirfa), grande cardamome (qāqulla), cubèbe (kabbāba), petite cardamome (hālbawwa), Zanthoxylum (fāġira), prunier de Mahaleb (maḥlab), résine de Flemingia (wars), costus (qusṭ), opercules de Strombus lentiginosus (aẓfār), résine de lentisque (ḍarw), ladanum (lādan), styrax (mayˁa), kamala (kamala), bois vermoulu d’acacia (bunk), mīsam, harnawa, falanǧah, zarnab.
([2]) Indian water lily = Nymphaea nouchali Burm.f. (incluant N. caerulea Savigny) = N. stellata Willd. = Red and blue water lily = Blue star water lily.
([3]) Les manuscrits marocains étudiés par Gigandet (2002) ne font cependant aucune mention de la falanǧah. Nous sommes en effet ici en présence de copies qui ont été adaptées aux ressources que l’on trouvait autrefois dans les échoppes locales, d’où l’omission volontaire, de la part des copistes, de plusieurs simples devenus rares ou introuvables.
([4]) Un commentaire d’Ibn Fāris (Xe siècle) permet de connaître approximativement l’époque à laquelle vécut al-Ḫuškī : « Abū l-Ḥasan Aḥmad b. Muḥammad m’a transmis la tradition suivante qu’il tenait lui-même d’Abū l-Ḥasan Muḥammad Ibn ˁAbbās al- Ḫuškī qui la tenait lui-même d’Ismāˁīl b. ˁAlī ˁUbayd Allāh, etc. » (cité in Larcher, 2004).
([5]) Indian water lily = Nymphaea nouchali Burm.f. (incluant N. caerulea Savigny) = N. stellata Willd. = Red and blue water lily = Blue star water lily.
([6]) Ce n° de rubrique est celui du texte établi par M.A. Al-Ḫaṭṭābī. Il correspond au n° 3737 de l’édition du texte arabe par Bustamante & al. (2003-2010).
([7]) Ibn al-Bayṭār reproduit, dans les mêmes termes, les citations de Masīḥ et d’Isḥāq Ibn ˁImrān, soit parce qu’il s’est inspiré d’Ibn Sarābī, soit parce qu’il a puisé à la même source que ce dernier.
([8]) Le Kitāb al-filāḥa an-nabaṭiyya est un traité d’agronomie écrit au IIIe-IVe siècle en syriaque par Qûtāma et traduit en arabe au Xe siècle par Ibn Waḥšiyya.
([9]) D’après un commentaire de Leclerc, dans sa traduction d’Ibn al-Bayṭār (note au n° 1695).
([10]) Le bunk, qui servait d’encens et entrait dans des compositions aromatiques, était, selon toute vraisemblance, un bois d’Acacia vermoulu : voir à ce sujet notre article (Bellakhdar, sous presse).
([11]) Selon d’autres linguistes, le nom sanskrit de l’aubergine viendrait de vatin-gana (litt.: “la plante qui soigne les flatulences”) ou encore de vangana (“la plante du Bengale”).
([12]) Deux autres Sufālah existent: une Sufālah omanaise (al-Ġarīr Sufālah; litt.: “Al-Gharir la basse”), très continentale, et une Sufālah se trouvant sur le littoral de Bahreïn, mais ces localités n’eurent pas la même importance commerciale que les Sufālah indienne et africaine.
([13]) Sa composition (Silberman, 1994) rappelle cependant curieusement celle des électuaires faits avec la falanǧah.
([14]) Plusieurs Lamiacées aromatiques portent, en effet, sur leurs feuilles de nombreuses cellules sécrétrices d’huile essentielle qui présentent cet aspect ponctué lorsqu’on les observe par transparence.
([15]) De ce basilic sacré, il existe deux formes, comme pour un autre basilic, O. gratissimum L.: une forme à feuilles vertes et une autre à feuilles pourpres.
([16]) Indian water lily = Nymphaea nouchali Burm.f. (incluant N. caerulea Savigny) = N. stellata Willd. Il est évident que ˁIsâ Ibn Māssa se trompe ici en faisant de sa plante un nénuphar dont la racine, pas plus que les graines, ne sont aromatiques. Il est vrai toutefois que les nymphéas interviennent en Inde dans les préparations cosmétiques, ce qui a pu créer une confusion dans l’esprit de notre auteur.
([17]) Ginger lily, spiked ginger lily, en anglais.
([18]) Sont mentionnés dans le Kama Soutra et dans les textes sanskrits, en tant qu’ingrédients de ces mélanges: feuilles de Flacourtia jangomas (Lour.) Raeusch., feuilles de Pogostemon cablin (Blanco) Benth., fleurs de Tabernaemontana coronaria (N.J. Jacquin) C.L. Willd., rhizomes de Cheilocostus speciosus (J.Koenig) C.D. Specht, fleurs de Mimusopselengi L., fleurs de Mesua ferrea L., fleurs d’Aglaia odorata Lour., fleurs et rhizomes de Hedychium spicatum Buch-Hem et de H. coronarium J. Koenig, fleurs de Magnolia champaca L.
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